toulouse trop fort

Rugby - Top 14L'oeil de Bénézech
Comme toutes les semaines, Laurent Bénézech revient sur la journée de Championnat écoulée. Notre consultant analyse la huitième victoire consécutive des Toulousains, emmenés par deux ailiers exceptionnels Cédric Heymans et Gareth Thomas, et se projette déjà sur le match historique (par son affluence) entre le Stade Français et Toulouse, samedi prochain au Stade de France. Au-delà du jeu, ce week-end a été marqué par la violence lors de la rencontre entre Bourgoin et Agen. Laurent Bénézech en appelle à la commission de discipline qui «doit taper vite et fort pour montrer que le rugby est rentré dans une ère professionnelle qui sanctionne des débordements dignes d'un autre temps».

«Laurent Bénézech, comment analysez-vous la victoire bonifiée de Toulouse contre Biarritz ?
Toulouse domine actuellement son sujet ce qui est moins le cas des Biarriots notamment en raison du nombre de blessés. Les joueurs basques ont commis des erreurs gratuites qui ont donné l'opportunité à Toulouse de faire la course en tête et de ne jamais être en danger pendant le match. C'est même dommage car Toulouse a presque déjoué en deuxième mi-temps permettant aux Biarrots de ramener le point du bonus. Ceux-ci ont ainsi pu montrer des choses intéressantes notamment au niveau du paquet d'avants qui est en train de retrouver son niveau des phases finales de l'an dernier. Le week-end prochain sera d'ailleurs un excellent test avec la revanche de la demi-finale de l'an dernier : Biarritz-Bourgoin.

Les grandes performances des ailiers toulousains, notamment celle de Cédric Heymans, sont-elles la face émergée de l'iceberg ?
Les ailiers à Toulouse ont toujours été des privilégiés. Ils ont la garantie de toucher beaucoup de ballons et l'obligation de venir s'impliquer dans le jeu à des endroits où la défense ne les attend pas. Ils sont au service du jeu toulousain et celui-ci le leur rend bien. Et c'est d'autant plus vrai que, en ce moment, le Stade Toulousain possède les deux meilleurs ailiers du Championnat en la personne de Cédric Heymans et Gareth Thomas. Ces deux joueurs sont au sommet de leur art et les voir jouer est un vrai régal !

Pour Fabien Galthié, «Toulouse est largement au-dessus de nous, et de tout le monde. Samedi, il faudra que nous soyons à 200% pour les battre». Est-ce que l'entraîneur parisien fait de l'intox ou pensez-vous que Toulouse dépasse vraiment de trois têtes les autres équipes ?
Toulouse est aujourd'hui l'équipe qui exploite le mieux son potentiel joueur. Et comme celui-ci est largement au-dessus de la moyenne, obligatoirement ça donne un temps d'avance face à leurs adversaires. Maintenant, sur un match, même le Stade Toulousain peut être battu. C'est pour cela que Fabien Galthié tente de mettre toutes les chances de son côté. En même temps qu'il prépare son équipe à ne pas laisser un centimètre de liberté à son adversaire, il flatte l'ego toulousain espérant que ceux-ci feront preuve de suffisance et, du coup, ne joueront pas leur meilleur rugby. C'est de bonne guerre !!!

Le match entre le Stade Français et le Stade Toulousain samedi s'annonce comme le choc de ce Championnat avec un record d'affluence. Quelles seront les clés de la rencontre ?
L'élément décisif, à mon avis, sera le nombre de ballons exploitables que les trois-quarts toulousains auront à jouer. Si les avants et la défense du Stade Français arrivent non seulement à priver de ballon les Toulousains mais aussi à les faire jouer à reculons, alors les Parisiens auront toutes les chances de gagner ce combat des chefs. Par contre si les Jauzion, Heymans, Gareth Thomas et compagnie reçoivent leurs ballons lancés et peuvent pénétrer dans la défense adverse pour créer des déséquilibres tout deviendra très compliqué pour les hommes de Dominici.

Revenons à la huitième journée. Ce week-end a malheureusement été marqué par la bagarre générale à Bourgoin. Le rugby peut-il encore se permettre ce genre de dérive ? Est-ce inhérent à un sport de combat ?
Il est évident qu'un sport de combat peut subir des débordements. Maintenant ils doivent rester dans un cadre limité et surtout rare. Ce qui s'est passé ce week-end mérite deux types de commentaire : le premier au sujet du joueur agenais qui a agressé un adversaire alors que celui-ci était accroupi et lui tournait quasiment le dos alors que, en plus, le temps de jeu était arrêté. Ceci est une agression caractérisée doublée d'un acte de pure lâcheté. J'espère que la commission de discipline prendra ses responsabilités et que l'on ne reverra plus ce joueur sur les terrains pour le reste de la saison. Mon deuxième commentaire concerne le nombre d'incidents relevés depuis le début du Top 14. Il faut à tout prix que ce climat malsain qui s'est installé sur certains terrains de rugby cesse immédiatement. Pour cela, j'en appelle encore une fois à la commission de discipline. Si l'on veut donner une image positive de notre sport, si l'on veut que ces incidents restent anecdotiques, il faut que les sanctions prises à l'encontre des fautifs soient exemplaires. La commission de discipline a donc une grande responsabilité : elle doit taper vite et fort pour montrer que le rugby est rentré dans une ère professionnelle qui sanctionne des débordements dignes d'un autre temps !

Sur le plan du jeu, Clermont, tombeur du Stade Français, démontre son renouveau. Les Auvergnats sont-ils définitivement guéris de leurs errements de la saison dernière ?
Guéris du fait de rater leur début de saison, ça oui, les résultats en attestent. Maintenant les Clermontois doivent réussir un exploit à l'extérieur qui leur permettra de cimenter cette dynamique nouvelle et de les positionner en véritables prétendants pour le dernier carré. Leur prochain match à Castres peut en être l'occasion d'autant plus qu'un de leurs opposants directs, Perpignan, y a déja gagné.

Perpignan, victorieux à Bayonne, atteste de sa capacité à gagner à l'extérieur. Les Catalans peuvent-ils jouer les trouble-fête ?
L'USAP après quelques premiers matches poussifs est en train de réussir un magnifique parcours. Ils ont gagné à Castres et à Bayonne en restant, bien sur, invaincus à domicile. Et cela en ayant des joueurs stratégiques blessés comme Manu Edmonds ou Nicolas Mas. La route est encore longue mais les Catalans veulent faire parti du dernier carré et il sera difficile de les en déloger.

En bas de classement, Pau s'est imposé à la 80e minute contre Toulon (31-28). Mais les Palois ont, une nouvelle fois, failli concernant le bonus. Cette quête des points de bonus sera-t-elle la clé du maintien ?
Dans la course au maintien, tout compte, des grigris du buteur jusqu'à la couleur du survêtement de l'entraîneur. Et marquer des points de bonus contre un adversaire direct revient à le battre une deuxième fois. Pau a échoué dans cette quête mais a assuré l'essentiel, la victoire. Les Palois sont en phase de reconstruction et pour le moment tout ce qui compte, c'est de gagner et de tenter de recréer une dynamique. Pour eux, il est important de gagner à domicile et de ramener un point de bonus de leur déplacement, c'est ce qu'ils ont réussi sur leurs derniers matches. Ensuite, plus tard, ils pourront essayer de gagner avec aussi le point de bonus à domicile et d'aller chercher les quatre points à l'extérieur. Mais chaque chose en son temps. Pour les Toulonnais, c'est pareil. Ce match est venu trop tôt dans leur parcours pour qu'ils aient eu la maîtrise suffisante pour le remporter. Néanmoins ils repartent du Béarn avec un point. C'est important, ça leur permet de préparer leur prochain affrontement contre Montpellier avec certaines garanties...»

Propos recueillis par Sophie DORGAN