sport - rugbyRugby - CEL'oeil de Laurent Bénézech

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Notre consultant Laurent Bénézech revient sur la quatrième journée de la Coupe d'Europe. L'ancien international s'avoue inquiet pour le Stade Toulousain, qui «jouera sa saison le 6 janvier contre Perpignan», analyse la première défaite du Stade Français, justifie les difficultés de Biarritz et explique les bonnes performances des clubs irlandais et gallois.

«Le Stade Français peut-il éprouver des regrets après sa défaite à Sale (12-6) ?
Les Parisiens auraient pu vraiment avoir des regrets s'ils n'avaient pas obtenu le point du bonus, un point qui peut valoir très cher au moment du décompte final. Pour le reste, c'est vrai que par moment les Stadistes ont donné l'impression de pouvoir réussir le hold-up en terre anglaise mais les conditions climatiques et la troisième ligne de Sale ont fait la différence. Les Parisiens ont réussi un bon match vu les circonstances mais les ballons grappillés par les anglais et surtout les fautes françaises ont coûté cher et expliquent la différence au score en faveur de l'équipe de Philippe Saint-André sur celle de Fabien Galthié.

Les Toulousains, battus par Llanelli (34-41), ne se leurraient-ils pas en prétendant qu'ils étaient sur le point de retrouver leur jeu, et donc le chemin de la victoire ?
Si l'on regarde les séquences de jeu en faveur de Toulouse sur les trois, quatre derniers matches, effectivement, on peut penser que le bout du tunnel n'est plus très loin pour les Toulousains. Mais le problème pour eux, c'est que si jamais ils perdent à nouveau à domicile le 6 janvier contre Perpignan, leur saison pourrait, dès à présent, être terminée avec un double échec H-Cup - Top 14, historique pour le club ! J'aimerais être optimiste pour les Toulousains, avec la possibilité pour eux de se refaire en Championnat, mais j'avoue que je suis surpris par le fiasco qu'aura constitué cette saison leur préparation physique : pendant deux mois, les joueurs étaient incapables de changer de rythme et d'accélérer, jouant au ralenti (remember le match contre l'Ulster ). Et maintenant, ils sont enfin capables d'accélérer mais seulement pendant 50 minutes. Après, c'est un écroulement général, qui explique notamment les erreurs élémentaires de défense contre Llanelli ! C'est franchement du jamais-vu et je ne peux garantir que cela va s'améliorer bientôt. Et comme à partir de fin janvier, les joueurs sont à disposition de l'équipe de France pendant sept semaines et qu'ensuite il ne restera que très peu de matches en Top 14, Toulouse joue sa saison le 6 janvier. Attention à la gueule de bois !

Qu'a-t-il manqué à Agen face au Leinster (13-25) ?
De l'expérience certainement, mais pas seulement, car cette province irlandaise ressemble beaucoup à une équipe nationale alors qu'Agen est "seulement" une bonne équipe de Top 14. Les Lot-et-Garonnais ont fait un très bon match pour la deuxième fois mais les Irlandais ont su se montrer patients en première mi-temps, avant de prendre le match à leur compte en seconde et de prendre le dessus sur une valeureuse équipe agenaise. N'oublions pas qu'ils ont le niveau des demi-finales de la Coupe d'Europe, voire un peu plus... Les Agenais sont en construction et mériteraient d'obtenir la place de meilleur deuxième mais ils auront du mal car je pense que, même s'ils remportent leurs deux derniers matches, il leur manquera des points de bonus pour devancer des équipes comme Northampton, Leicester ou l'Ulster !

Le court succès de Biarritz face aux Border Reivers (27-17) est-il inquiétant, ou "logique" étant donné le niveau des Ecossais ?
Logique. Je crois que d'une manière générale, les joueurs français sont las, avec une saison qui a démarré le 18 août et déjà 20 matches au compteur. Les joueurs biarrots en sont l'illustration car en ayant déjà battu leur adversaire la semaine dernière et, après avoir rapidement marqué trois essais, ils sont complètement sortis du match, ayant sûrement la tête ailleurs (à Toulouse vendredi ?, à la trêve des confiseurs ?). Heureusement pour le club basque, les individualités ont su faire la différence et marquer le quatrième essai, synonyme de bonus, mais il faut dire quand même que cette équipe écossaise était bien faible !

Perpignan, vainqueur de Castres sans bonus (30-3), a-t-il les moyens de s'imposer chez les Wasps, lors de la prochaine journée ?
Depuis le match aller et la victoire catalane, les Anglais semblent s'être refaits une santé, ce qui n'est pas une bonne nouvelle ! En tout cas, cette rencontre sera explosive et devrait donner lieu à une confrontation de haut niveau. Mais quel dommage que Castres et Perpignan se soient neutralisés lors de leur double confrontation (une victoire chacun, pas de point de bonus attribué). Ce sont les Anglais qui, du coup, ont fait la bonne affaire, même s'ils sont quasi condamnés à battre Perpignan et à aller gagner à Castres pour le dernier match, ce qui est quand même un sacré challenge à relever...

Le Munster, tenant du titre, et le Leinster, demi-finaliste en 2006, affichent encore un excellent niveau...
Oui, c'est certain, mais plus encore que les provinces irlandaises que tout le monde connaît maintenant, j'aimerais attirer votre attention sur les clubs gallois de Llanelli et de Neath-Swansea. En effet, leur très bon parcours pour le moment est le signe du retour en force du rugby gallois sur la scène internationale. Et si l'on retrouve Gallois et Irlandais avec de si bons résultats, c'est aussi le fruit de la politique de leurs fédérations qui centralisent la gestion des équipes et donc des joueurs. Ces derniers ont deux objectifs bien déterminés dans la saison : la Coupe d'Europe et la Coupe du monde. Du coup, leur fraîcheur physique est importante en comparaison des Français qui courrent beaucoup trop de lièvres à la fois et qui, du coup, marquent actuellement le pas.»