La Bourse s'ouvre au football français
Une étape décisive vers l'introduction en Bourse des clubs de football français a été franchie jeudi. Le conseil des ministres a en effet adopté le projet de loi négocié par le ministre des Sports Jean-François Lamour qui permettra aux clubs professionnels de faire appel à l'épargne publique. Ce texte que le parlement devrait adopter avant la fin de l'année prévoit que les clubs désireux d'entrer à la Bourse devront notamment remplir des conditions comme «acquérir ou construire un stade».
Opposé à l'entrée en Bourse des clubs professionnels, Jean-François Lamour a dû céder sous la pression de la Commission européenne qui menaçait se saisir la Cour de justice. Dans une interview jeudi à L'Equipe, le ministre ne se dit toutefois «ni déçu, ni amer». «C'est une libéralisation avec des conditions, explique-t-il. Les clubs devront délivrer à l'AMF (Autorité des marchés financiers) un document spécifiant leurs projets de développement : équipement sportif, mais aussi restaurants, hôtels... Un certain nombre de club français ont d'ailleurs des projets dans ce sens». C'est notamment le cas de l'Olympique Lyonnais dont le président, Jean-Michel Aulas, a mené un intense lobbying pour obtenir la levée de l'interdiction de cotation des clubs. Le projet de l'OL consisterait à lever une centaine de millions d'euros avant la fin de l'année pour lancer la construction de son nouveau stade.
Lyon et les autres clubs français sauront-ils faire mieux que leurs homologues européens ? La presse souligne jeudi «les piètres performances du ballon rond à la corbeille» (Le Figaro) et relève que dans de nombreux pays comme l'Angleterre, l'Italie ou l'Allemagne «la Bourse n'a plus la cote» (L'Equipe). Depuis l'introduction de Tottenham en 1983, une quarantaine de clubs européens a tenté l'aventure de la Bourse. Un quart de siècle plus tard, elles ne sont plus que 28 équipes à affronter l'humeur des actionnaires. Et seulement trois d'entre elles cotent au dessus de leurs cours d'introduction. A la sortie du conseil des ministres, le ministre des Sports s'est d'ailleurs appuyé sur ces précédents pour mettre en garde les futurs investisseurs : «On voit des exemples européens qui sont très mauvais en termes de résultats, des actions qui valaient cent à l'introduction d'un club en bourse valent dix, voire cinq maintenant». Jean-François Lamour a enfoncé le clou: «Je souhaitais protéger l'actionnaire, je reste maintenant très interrogatif sur les résultats d'une entrée en bourse». Parmi les premières réactions, à noter celle, enthousiaste, de l'Union des clubs professionnels de football (UCPF) qui salue une «liberté nouvelle» et, à l'inverse, les réserves du Parti socialiste qui dénonce un projet de loi qui «s'inscrit pleinement dans une logique ultra-libérale».